Les CRB des établissements de santé en première ligne dans la lutte contre la Covid-19

Publié le 19.04.2022 - © CHU Amiens-Picardie

Ils opèrent discrètement, mais leur rôle n’en est pas pour le moins essentiel. Les centres de ressources biologiques (CRB) des centres hospitalo-universitaires (CHU) sont mobilisés par la recherche depuis le début de la pandémie. Ils fournissent avec réactivité, souvent dans l’urgence mais toujours dans les règles de l’art, des panels d’échantillons biologiques indispensables au développement de connaissances biomédicales, d’outils de diagnostic et de nouvelles thérapies.

Etude de la maladie et des facteurs de sévérité

Dès le début de la pandémie, de nombreuses biocollections ont été constituées pour étudier les mécanismes physiopathologiques sous-jacents à l’infection par le SARS-CoV-2. L’objectif était de comprendre les déterminants des formes graves de la Covid-19, ou au contraire asymptomatiques, et d’identifier des biomarqueurs prédictifs et pronostiques de la maladie. Ce type d’études nécessite des démarches règlementaires complexes qui font partie du quotidien des CRB des CHU. La préparation de documents tels que les autorisations de cession, d’importation, d’exportation ou de mise à disposition des échantillons est une activité de routine qui a largement contribué à la diffusion, dans un temps record, de ressources biologiques conformes à la réglementation et de qualité.

Mise au point de kits pour le diagnostic de la maladie

Pour le dépistage en masse de la population au cours de la première vague, les industriels ont cherché à produire en urgence des kits de diagnostic adaptés aux plateformes automatisées équipant les laboratoires de biologie médicale. Ils se sont rapprochés des établissements de santé et de leurs CRB pour accéder, dans le respect des exigences éthiques et réglementaires, aux différentes matrices biologiques utiles à la mise au point et à la validation de tests PCR, sérologiques ou antigéniques avant leur mise sur le marché. Les CRB ont été particulièrement réactifs face aux sollicitations multiples des entreprises françaises, mais également au niveau international. Leurs collections d’échantillons ont par la suite servi au développement des autotests.

Analyse de candidats médicaments

Avant que les premiers vaccins ne soient validés, plusieurs stratégies thérapeutiques ont été proposées pour le traitement de la Covid-19. Des études de recherche clinique ont rapidement été mises en place pour tester l’efficacité et la toxicité de molécules comme le remdesivir, le lopinavir ou l’hydroxychloroquine. Les études Discovery, Hycovid et Corser, respectivement coordonnées par l’Inserm, le CHU d’Angers et l’Institut Pasteur, en sont des exemples et certaines sont toujours d’actualité. Les établissements de soin prêtent leur infrastructure pour l’accueil des patients et leurs CRB s’occupent des prélèvements, de la préparation et de la conservation des échantillons. Une expertise spécifique est nécessaire pour certaines opérations, comme celles qui consistent à isoler dans des délais courts des cellules mononuclées, permettant notamment le dosage intracellulaire des médicaments.

Evaluation de la réponse aux différents vaccins

Alors que plus de 300 vaccins sont en cours de développement dans le monde, seuls 5 sont autorisés sur le marché. La plupart des essais cliniques de phase III manquent de données relatives à la sécurité, l’immunogénicité et l’efficacité des candidats vaccins en fonction de l’âge et sur des populations particulières, comme les patients diabétiques, transplantés, atteints de cancer ou en insuffisance rénale. En France, cette nécessaire évaluation est confiée à Covireivac, un dispositif coordonné par l’Inserm qui fédère une trentaine de CHU sur le territoire. Les prélèvements réalisés sur plus de 7 000 volontaires sont pris en charge par les CHU, avec l’appui de leurs CRB. Le dispositif envisage d’établir sa propre biobanque pour conserver les échantillons en vue d’études annexes menées en France ou à l’étranger. 

Modélisation de la dynamique et de l'évolution de l’épidémie

De nombreuses cohortes médicales impliquant des CRB de CHU ont été mises en place pour étudier l’évolution de la maladie sur de larges ensembles de populations. Initiée en mars 2020, la cohorte épidémiologique EpiCov est portée par l’Inserm et le Ministère des solidarités et de la santé. Elle vise à modéliser la dynamique de propagation du virus et les conséquences de l’épidémie sur le quotidien et la santé des individus. L’enquête a éclairé la cinétique d’apparition des anticorps dans l’organisme et montré que certaines catégories de populations étaient plus sensibles que d’autres au virus.

Entre octobre 2020 et mars 2021, près de 90 000 volontaires ont réalisé à domicile des autoprélèvements sanguins envoyés par courrier aux CRB engagés dans le projet. Ces derniers ont standardisé les procédures opératoires, défini les critères de conformité des échantillons, les modalités de logistique et de traçabilité. Leur fonctionnement en réseau a permis de lisser la charge de travail et de traiter un volume d’échantillons inédit malgré le manque de main d’œuvre associé à la crise. La conservation des données a également été sécurisée grâce au stockage des échantillons sur différents sites.

Le rôle des CRB valorisé par la crise de Covid-19

La pandémie de Covid-19 a indéniablement mis en lumière le rôle crucial des CRB de santé dans l’émergence de connaissances fondamentales sur la maladie, le développement d’outils de diagnostic précis et de solutions thérapeutiques performantes. Pour répondre à l’urgence de la situation, ils ont adapté leurs infrastructures et leurs capacités opérationnelles, générant, dans des délais extrêmement contraints, des flux d’échantillons biologiques probablement sans équivalent. La collaboration des CRB au sein de réseaux, comme celui des CHU, y est certainement pour beaucoup. De ce point de vue, la pandémie est un modèle riche d’enseignements, qui servira de levier pour renforcer encore la structuration de ces réseaux en France et à l’international et relever les défis futurs de la recherche biomédicale.