

Microcèbe : la petite sentinelle scientifique du CREMm
Publié le 11.03.2025 - Photo © M. Dammhahn
Le microcèbe, animal modèle au cœur de l’expertise du Centre de recherche sur Microcebus murinus (CREMm), ouvre de vastes perspectives dans le domaine scientifique. Son étude pourrait aider à répondre à de grandes questions de la biologie et de la médecine humaine. La structure est soutenue par le GIS IBISA pour son originalité et son savoir-faire, à la disposition des équipes de recherche du monde entier.
Bienvenue au CREMm, une plateforme unique en son genre. Labellisée IBiSA depuis 2015, elle a décroché un nouveau financement à l’appel d’offres 2024. Cette institution abrite l’élevage le plus vaste au monde de microcèbes murins, des petits lémuriens nocturnes originaires de Madagascar qui pèsent entre 80 et 100 grammes. Bien qu’il s’agisse d’un modèle inhabituel, ce primate contribue à percer les mystères du vieillissement, des rythmes biologiques et de pathologies cérébrales de type Alzheimer.
Un champion de l’adaptation
Depuis 1967, la plateforme a acquis une connaissance et une maîtrise indéniables autour de ce petit animal, de sa reproduction à sa biologie, en passant par son comportement. Entre 400 et 450 microcèbes, mâles et femelles de tous âges, constituent en permanence cet élevage autonome. Un suivi des lignées est régulièrement effectué afin de garantir la diversité génétique essentielle à la bonne santé des individus.
Mais pourquoi ce primate miniature fascine-t-il autant les scientifiques ? Phylogénétiquement proche de l’humain, il est bien plus adapté à des questions en lien avec notre santé que les rongeurs traditionnellement utilisés en recherche. Le microcèbe présente une longévité de 8 à 10 ans, ce qui est exceptionnel compte-tenu de sa petite taille, et permet de mener des études sur le temps long, couvrant l’ensemble du cycle de vie.
Ses caractéristiques biologiques originales en font également un animal modèle idéal pour étudier l’adaptation de l’organisme aux variations environnementales, qu’il s’agisse de température ambiante, de lumière ou de disponibilité alimentaire. Il dispose d’un métabolisme exceptionnel, capable d’alterner entre des phases d’hypothermie journalières et des périodes de prise de poids saisonnière sans conséquences pathologiques. De quoi offrir des pistes intéressantes pour la recherche sur l’obésité et le diabète. Par ailleurs, ce primate développe spontanément des lésions cérébrales de type Alzheimer, ouvrant la voie à des études sur les maladies neurodégénératives et le vieillissement cognitif.
Des équipements sur mesure
Pour mener ses expériences, non invasives, sur le petit animal, le CREMm dispose d’équipements de haut niveau attirant des experts du monde entier. Un laboratoire de biologie moléculaire et une banque de tissus et d’organes prélevés post-mortem permettent par exemple d’identifier les signatures génétiques associées à certaines pathologies et d’étudier les marqueurs précoces du vieillissement cérébral. Des tests cognitifs standardisés sont quant à eux utilisés pour évaluer la mémoire et les capacités d’apprentissage des individus, offrant des perspectives sur la détection des troubles cognitifs liés à l’âge.
La plateforme dispose aussi d’un système d’enregistrement des rythmes biologiques en environnement contrôlé, capable de moduler l’alternance jour-nuit et la température ambiante. Ces installations permettent de décrypter avec précision les effets des variations environnementales sur les cycles métaboliques. Un système de mesure des échanges gazeux, porté sur l’analyse des entrées et sorties d’air, fournit par ailleurs des données fines sur la dépense énergétique et le métabolisme des individus.
En parallèle, l’imagerie par résonance magnétique et la ciné-radiographie sont accessibles pour observer en détail la morphologie cérébrale et les mouvements des microcèbes. Enfin, un appareil de mesure de la masse grasse, comparable à une petite IRM, offre la possibilité d’apprécier l’impact des régimes nutritionnels sur la composition corporelle des animaux.
Un modèle pour la recherche biomédicale
Les travaux conduits avec le concours du CREMm ont déjà eu d’importantes retombées. En partenariat avec l’Université de Stanford aux États-Unis, des chercheurs sont notamment parvenus à identifier les gènes à l’origine de certains phénotypes rares et leur rôle dans des maladies cardiaques. La plateforme intervient également dans le domaine des neurosciences nutritionnelles. Elle a ainsi permis d’explorer les effets des oméga-3 sur les performances cognitives ou l’impact de la restriction calorique sur la longévité.
Néanmoins, le petit lémurien est encore loin d’avoir révélé tous ses secrets. Comprendre comment il s’adapte, vieillit ou résiste à certaines maladies, c’est peut-être ouvrir la voie à de nouvelles approches pour la santé humaine.
Le poisson zèbre sous les feux de la rampe
Deuxième modèle de laboratoire le plus utilisé dans le monde, le poisson zèbre a le vent en « poulpe » ! Jean-Stéphane Joly, de la plateforme TEFOR Paris-Saclay, présente le petit poisson.
Feu vert pour les appels d’offres Plateformes et CRB 2021 !
IBiSA lance l’édition 2021 de l’appel d’offres Plateformes et de l’appel à projets CRB ce lundi 11 janvier. Comment les deux sessions se déroulent-elles ? Qu’est-ce qui peut être financé ?