Entre RIO et IBiSA, la qualité sur les plateformes
Publié le 05.07.2022
Tout autant dans l'exotisme, c’est RIO – la réunion inter-organismes – qui se trouve à l’origine du GIS IBiSA et de sa mission qualité. Depuis toujours, l’expertise est portée avec cœur et conviction par Marie-Pierre Dubrulle, docteur en biologie et qualiticienne. Depuis toujours car, au moment de la création du GIS, elle accompagnait déjà les plateformes RIO dans leurs démarches de certification.
D’où vient la qualité sur les plateformes ?
Elle prend source dans les années 1995, lorsque le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche (MESR) affiche une volonté forte de développer une « culture qualité » dans la recherche publique. De nombreuses actions sont entreprises : rédaction de guides qualité pour les scientifiques, organisation de formations et de réseaux de compétences comme l’école interorganismes « Qualité en recherche »...
En 2001, les principaux organismes de recherche en sciences du vivant lancent l’initiative de coordination RIO afin de mutualiser, sous la forme de plateformes, équipements et expertises en génomique, imagerie, exploration fonctionnelle, biologie structurale et bioinformatique. La démarche qualité ISO 9001 figure naturellement dans la toute première charte des plateformes. J’ai été recrutée en 2004 pour coordonner les démarches qualité sur les plateformes RIO, devenues IBiSA à la création du GIS en 2007.
Comment s’est déroulée votre rencontre avec les plateformes ?
Au moment de ma prise de fonction, les plateformes étaient en pleine structuration et le management qualité ISO 9001 était encore peu utilisé. J’ai dû faire face à des remarques parfois déconcertantes, comme « Qu’est-ce que vous y connaissez à la recherche ? », ou encore « Nous n’avons pas besoin de qualité, nous sommes bons, puisque nous publions. ». Il m’a fallu démontrer que la qualité « en » recherche ne peut que renforcer la qualité « de » la recherche.
Les plateformes ont reconnu beaucoup plus rapidement que les équipes de recherche l’intérêt du management qualité pour leurs activités. Mais alors, je me suis entendue dire : « C’est trop lourd à mettre en place, nous n’avons ni le temps, ni les moyens. ». Il est vrai que si des efforts en matière de ressources humaines avaient été faits dans les organismes de recherche, ils restaient insuffisants.
Comment la situation a-t-elle évolué ?
Le Réseau national des génopôles (RNG) puis IBiSA se sont montrés d’une grande aide, en finançant des contrats pour ingénieurs qualité sur les plateformes pendant plusieurs années. Pour assurer la pérennité des certifications obtenues, il a cependant fallu former des « statutaires volontaires » aux fonctions de responsable management qualité (RMQ) et au métier d’auditeur ISO 9001. J’ai justement créé le réseau IQuaRe en 2008 pour les aider à développer leurs compétences et leur permettre de partager leurs expériences lors de rencontres annuelles.
L’engagement des statutaires volontaires est un acte remarquable, compte tenu du travail qui leur est demandé en plus de leurs activités scientifiques. Il est d’autant plus nécessaire que le recrutement d’ingénieurs qualité dans les organismes de recherche se fait rare depuis 20 ans. Malheureusement, cette expertise n’est pas toujours reconnue à sa juste valeur. Le métier a même disparu des emplois types de la recherche et de l’enseignement supérieur, avec des possibilités de réorientation très limitées. Les experts qualité du réseau IQuaRe ont pourtant fait émerger une norme essentielle pour les plateformes, la norme NFX 50-900.
Qu’est-ce que la norme NFX 50-900 ?
Cette norme reprend l’intégralité des exigences de la norme ISO 9001, mais elle est spécifiquement destinée aux plateformes. Éditée en 2013 et révisée en 2016, elle impose une stratégie scientifique et qualité triennale formalisée et axée sur les missions propres des plateformes, à savoir l’innovation, le partage de connaissances, la valorisation, la veille scientifique et technologique. Elle exige également la formalisation et l’application de pratiques organisationnelles démontrant la maîtrise des équipements, des échantillons, de la gestion de projets et des données numériques.
Pourquoi un système de management qualité est-il indispensable ?
Parce qu’au-delà de son expertise scientifique, une plateforme doit pouvoir démontrer qu’elle met tout en œuvre pour maintenir ses performances globales. Adopter un système de management de la qualité permet d’établir une base organisationnelle solide, adaptée, structurée, transmissible et surtout, évolutive en fonction du contexte. Cet outil de management devrait être déployé dans toute structure de recherche ou d’appui à la recherche. Cela se fait progressivement, mais de façon inégale selon les organismes. La « culture management qualité » doit être clairement impulsée par la direction des établissements et l’allocation de ressources appropriées.
Adopter un système de management de la qualité
La plateforme d’imagerie nucléaire GAIA et le laboratoire Radiopharmaceutiques biocliniques qui l’héberge ont décroché la certification NF X50-900. Laurent Riou, chercheur Inserm, raconte.
Focus sur le métier d'auditeur au sein du réseau IQuaRe
La parole à Emmanuelle Com, ingénieure de recherche, responsable technique et responsable management de la qualité (RMQ) sur la plateforme Protim, mais aussi auditrice du réseau IQuaRe.